dimanche 1 octobre 2000

Hans Plaza Hotel, Delhi, 7h18

"Loin de nous dans le rêve et dans le temps, l'Inde appartient à l'ancien Orient de notre Âme"
André Malraux (Antimémoires)

Juma Masjid Delhi
Pour une fois, j’ai réussi à dormir quelques heures et le voyage m’a vraiment semblé court. Après être sortis parmi les premiers de notre Boeing, les formalités de douane ne s’avèrent pas si éprouvantes que prévues. Le temps de changer quelques dollars et nous voici dans le hall principal de l’aéroport Indira Gandhi, accueillis fort chaleureusement par deux représentants de SITA WORLD TRAVEL, l’agence contactée via Internet. L’un d’entre eux sera notre chauffeur au cours de ce périple. Il s’appelle Ashok et a la trentaine juvénile. Mince, il porte une moustache comme la plupart des Indiens. Il a l’air fort affable et parle un anglais correct bien que teinté d’un fort accent. Après les présentations d’usage, il nous conduit vers le parking. Sur le trajet, nous nous sentons dévisagés par des individus masqués par la pénombre de ce petit matin brumeux.


Nous prenons place dans une Ambassador blanche si caractéristique des routes indiennes. Cette voiture ne ressemble en rien aux standards européens. Elle possède la carrosserie de la Morris Oxford modèle 1956, même si ses organes ont été modernisés et adaptés aux rigueurs du pays. Suite à ces modifications, l’axe du volant a du être monté légèrement de travers, ce qui oblige le chauffeur à conduite le corps à moitié sorti par la fenêtre ! Il faut s’y faire mais elle reste néanmoins assez confortable et surtout très robuste.

Le trajet vers l’hotel Hanz Plaza situé vers Connaught Place au centre commercial de Delhi nous plonge immédiatement dans l’ambiance. Trafic dense dès 5h du matin. Se côtoient pêle-mêle sur la route vaches, piétons, singes, cyclistes, attelages de toutes sortes et engins motorisés de toute espèce. Mais Ashok nous assure qu’avec lui, « No problem ! ». C’est vrai qu’il a l’air plutôt tranquille mais je ne suis pas certain que ce soit bon signe : tout le monde le double en klaxonnant violemment ! Alors que nous descendons de voiture devant l’hôtel, un bruit de frein retentit, puis un choc sourd. A 20m de là, un rickshaw a été percuté par un bus. Un corps gît sur la chaussée, inerte, sans que cela n’ai l’air d’affoler grand monde. Ce doit être l’habitude ...

13h10 Chicken 9 Restaurant, Delhi
Après 2h de repos, nous retrouvons comme notre chauffeur, dans le hall de l’hôtel. Pour débuter cette découverte express de Delhi, direction de la Juma Masjid, la plus grande mosquée d’Inde, en plein cœur de Old Delhi, anciennement connue sous le nom de Shahjahanamabad, littéralement la ville de Shah Jahan, empereur Moghol qui régnait au 16eme siècle sur Delhi la musulmane. Pour une entrée en matière, ce n’est certainement pas le plus simple. En effet, ce quartier possède une densité humaine inimaginable. Ses ruelles étroites grouillent de vie, chacun s’affairant à des tâches pouvant nous sembler insignifiantes mais qui permettent aux habitants du quartier d’assurer leur survie. En plus, la pollution atteint ici un niveau rarement égalé sur la planète, et encore, nous avons la chance de visiter le quartier un dimanche ... Avant d’entrer dans la cour de la mosquée du vendredi, on doit se déchausser. Cet acte symbolique ne fait que désarmer un peu plus l’occidental livré à lui même sur l’immense parvis de la mosquée, en proie aux regards appuyés des fidèles. Mais comment ne pas être frappé par la grandeur du spectacle de ces minarets monumentaux devant lesquels plus de 3000 personnes peuvent s’incliner. Le moins que l’on puisse dire, c’est que notre arrivée ne passe pas inaperçue ! Laure n’est vraiment pas à l’aise et ce premier contact avec la population est un peu difficile.

Nous quittons péniblement la vieille ville et ses bazars et prenons la direction du tombeau d’Hymayum, second empereur Moghol dont le mausolée trône superbement au centre d’un magnifique jardin exotique situé au sud de la ville. Quel plaisir de flâner seuls au monde dans ce havre de verdure loin des fracas de la vieille ville. Il est 11h, le soleil est à son zénith et les zones d’ombre sont les bienvenues. Un jardinier s’approche de moi pour me demander si j’accepterais d’échanger un Deutsch Mark qu’il a trouvé par terre contre quelques roupies ! Nous effectuons le tour de l’admirable édifice de grès rouge, fleuron de l’architecture indo musulmane.

Qutub Minar
Nous reprenons ensuite la voiture pour nous diriger vers le complexe du Qutb Minar, situé à la périphérie sud de la ville. Ce monument est le plus haut de l’Inde avec ses 73 m et il a une forte valeur symbolique car il commémore la victoire du général musulman Qutb-ud-Din-Aibak sur le roi Hindou Phritiriraja II au 12eme siècle. Le site est visiblement très populaire auprès des indiens car il faut batailler ferme pour obtenir un ticket d’entrée. Mais sur place, je vais faire un véritable tabac ! Plusieurs personnes demandent à me prendre en photo. Certains avec leurs femmes, d’autres avec toute la petite famille ?!? D’après notre chauffeur, c’est parce qu’ils sont très contents de me voir ... J’ai plutôt l’impression qu’ils me confondent avec Brad Pitt. A part cela, le minaret est richement sculpté d’inscriptions souffiques et on ne peut plus y monter depuis qu’une trentaine de personnes sont mortes piétinées dans une bousculade ...

Il est désormais temps d’aller déjeuner, direction le Chicken 9 Restaurant. Au menu Cheese nan (galette tandoori au fromage), Dal makhani (purée de lentilles aux épices), Leela rice, Chicken tandoori et Chicken tikka massala, autrement dit, un vrai festin ! C’est un peu gonflé pour un début, mais prions pour que l’estomac tienne le choc. Il nous reste à voir New Delhi et son architecture début de siècle à l’anglaise. Direction Raj Path, les « Champs Elysées » indiens, gigantesques et calmes à la fois. Quel contraste avec la vieille ville ! Le palais du président, les ministères, tout est surdimensionné. Au pied de l’Indian Gate, sorte d’Arc de triomphe à la sauce Hindi, on doit slalomer entre les montreurs de singes et les charmeurs de serpents : Laure est paralysée ! La fin de l’après-midi arrive, il est temps de refaire les deux nuits que nous avons de retard.

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