samedi 14 octobre 2000

Samode Haveli, Jaïpur

"On ne comprend rien à l'Inde si l'on ne comprend pas qu' elle est le plus grand réservoir de paradoxes et de contradictions de la planete!"
John Elliott

Encore une journée bien remplie que ce samedi 14 octobre. Après un déjeuner continental, agrémenté par quelques coupures de courant, nous débutons la visite de Jaïpur par les temples de Galta. Ces temples, dédiés a Surya, le dieu du soleil, sont situés à l’extérieur de la ville, dans une verte vallée peuplée de singes. Il y règne une atmosphère toute particulière de bon matin. Des hommes se baignent sous le regard dubitatif d’une armée de macaques. Certains fidèles effectuent même de périlleux plongeons du haut de l’imposant mur qui surplombe un étroit bassin, dont la profondeur avoisine plusieurs éléphants. Spectacle très impressionnant ! Nous enchaînons par la visite du City Palace, dont seulement une petite partie du palais est ouvert au public, car le Maharaja habite toujours les lieux ! La porte d’entrée, richement décorée, donne sur une immense cour, servant de hall d’audiences publiques. En son centre, un petit bâtiment abrite deux énormes jarres, qui sont les plus grandes pièces en argent du monde ! La palais est vraiment harmonieux. C’est bien sûr la couleur rose qui prédomine. Alors que nous observons le palais de la lune, où se situent les appartements privés du Maharaja, on sent comme un vent de panique parmi les gardes du palais. Ils font de grands signes et demandent à Laure de s’écarter. « Maharaja ! Maharaja ! » nous chuchote l’un deux. Un vieil homme, tout de bleu vêtu, les cheveux gris, avance péniblement à travers la cour pour s’engouffrer dans une salle obscure, devant les courbettes de ses hommes enturbannés. Ce n’était pas vraiment l’idée que l’on pouvait se faire d’un tel individu ! Nous retiendrons également de notre visite, la beauté des vêtements d’apparat royaux, et notamment le très impressionnant pyjama du Maharaja Mado Singh II, qui mesurait plus de deux mètres et pesait plus de 200 kg !

Nous prenons alors la direction du Hawa Mahal, le palais des vents. Il s’agit d’un monument emblématique de la ville, dont la façade est composée de minuscules fenêtres, et d’où les femmes pouvaient, en toute quiétude, observer les scènes de la rue sans être vues. Sa visite s’avère assez impressionnante, car le dénivelé sur la rue est important, et il n’y a pas de barrières. Il est maintenant midi. Nous allons essayer de déposer quelques pellicules dans un magasin de développement photo. Mais en Inde tout est compliqué ! Rien que d’accéder au magasin en voiture est un parcours du combattant. Le chauffeur nous concédera sur le trajet : « Pour conduire en Inde, il y a trois choses indispensables : « Good eyes, good brakes and good luck ». Traduction : « De bons yeux, de bons freins et une bonne dose de chance ». Il est désormais midi, cédant aux injections de Laure, je demande au chauffeur de nous déposer au Pizza Hut pour le déjeuner. Lorsque je lui demande de nous accompagner, il décline notre invitation : il n’aime pas la pizza ! Chose étonnante, le restaurant est surtout fréquenté par la bourgeoisie indienne. Alors qu’on nous apporte une énorme « Cheese lover pizza », j’en connais une qui reprend goût à la vie ...

Une fois le ventre bien rempli par la lourde pâte des pizzas, nous entreprenons la visite de l’austère fort de Jaigarh, situé à flanc de colline. Là, pas le moindre touriste, mais quelques groupes d’écoliers en uniforme. A peine les portes franchies, nous nous mettons à l’ombre d’un arbre pour lire les guides touristiques, lorsque je vois un jeune homme s’approcher timidement en me montrant son appareil photo. Il souhaiterait être pris en photo avec nous ! Après avoir donné notre accord, nous vîmes soudain s’agglutiner autour de nous une trentaine de personnes de tout âge, qui voulaient être immortalisées à nos côtés. Tout cela est bien étrange ! Après avoir fait le tour des imposantes murailles, à l’architecture plus que martiale, et après avoir admiré le panorama sur les collines alentours, nous nous sommes dirigés vers une plate-forme perchée au sommet du fort. Sur celle-ci se trouve tout simplement le plus grand canon du monde. Il fait près de vingt pieds de long et pèse près de vingt-cinq tonnes. Il n’a servi qu’une seule fois pour des tests, qui ne s’avérèrent pas très concluants. Retour dans la ville rose, où nous visitons une fabrique de textiles imprimés. La qualité est meilleure que la veille, mais les prix s’en ressentent. Après un bon marchandage, nous repartons avec une nappe de style Mughlai et un foulard aux motifs colorés, le tout pour 800 roupies ! Nous enchaînons sur la visite d’un artisan de cuir, où un certain Asheesh, le roi de la peau de chameau, me parla des exploits de l’équipe de France de foot. Cela ne s’avérera finalement pas très concluant, tout comme la visite d’un atelier de travail de pierres précieuses, où nous fûmes choqués par la jeunesse des ouvriers.

Puis, nous tentons d’aller récupérer les photos en traversant la ville et ses bazars surpeuplés aux heures de pointe. Mission accomplie. Le travail est de bonne qualité. Nous dégustons au passage un excellent sweet lassi, servi dans un pot de terre cuite par un marchand ambulant. De retour à l’hôtel, nous décidons de manger léger, mais le restaurant ne propose qu’un buffet fort onéreux. Mais, l’Inde a un point commun avec la SNCF : tout y est possible. On me factura uniquement ce que je consommerai. Laure me regarde avaler un Paneer massala avec un peu de riz et une Nan. Demain, réveil à l’aube et route jusqu’à Agra. Nous nous coucherons tôt ce soir...

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