vendredi 6 octobre 2000

Deoki Niwas Palace, Jaisalmer

"L'Inde est différente et, si exaspérant que cela puisse paraitre, désire le demeurer... C'est le secret de l'Inde, l'acceptation de la vie avec tout ce qu'elle comporte, en bien et en mal"
Indira Gandhi

Coucher de soleil sur la forteresse
Mémorable journée que ce vendredi à Jaisalmer. Après un réveil à 8h et un petit déjeuner assez difficile à obtenir (Laure voulait une banane que le serveur a été lui acheter au marché du coin), nous débutons la visite par le lac artificiel de Gadi Sagan. Dans la relative fraîcheur du matin, un homme s’adonne aux traditionnelles ablutions dans cette eau en putréfaction. Puis, nous nous dirigeons vers le fort du 12ème siècle, encore habité par plus de cinq milles personnes, ce qui fait tout son intérêt. A l’intérieur des murs, le temps s’est arrêté et on a l’impression de se retrouver au Moyen-Age !

Au début, on se fait un petit peu harceler par les pseudo guides et marchands en tout genre, mais après s’être habitués à ces nuisances, on peut dire que l’endroit est vraiment extraordinaire ! Une fois franchies les deux portes colossales qui mènent au coeur de l’édifice, nous nous rendons aux temples Jaïns de Rhishabdev. Les Jaïns appartiennent à une secte ultra orthodoxe de l’hindouisme, qui a pour particularité d’avoir un respect quasi maladif pour toutes les formes de vie. C’est pourquoi nous sommes accueillis dans le temple par un prêtre dont la bouche est couverte par un voile safran au cas où il avale par mégarde un insecte. Le temple est caractéristique des lieux saints jaïna : il est richement travaillé et orné de nombreuses sculptures représentant les multiples prophètes (24) de la secte : les tirtankaras. Nous nous enfonçons ensuite dans l’inextricable dédale de ruelles, toutes plus étroites les unes que les autres, et toutes plus surprenantes. Et toujours ces enfants aux grands yeux noirs qui nous observent à l’ombre des cours intérieures. On a vraiment l’impression fabuleuse de remonter le temps, car ici, rien n’a changé depuis des siècles. Dans l’une de ces ruelles, le post office de Jaisalmer ne se distingue des autres maisons que par une petite pancarte. En entrant, nous réveillons dans sa sieste un vieil homme à la barbe blanche, un unique pagne entourent ses reins : c’est le postier de Jaisalmer !

Il est désormais midi, l’heure de retrouver notre chauffeur et de passer à la « Bikaner & Jaipur Bank » pour changer quelques chèques de voyage. Cette opération se révélera être un véritable calvaire. Après avoir rempli six formulaires en trois exemplaires, on nous renvoie au magasin d’à côté pour faire une double photocopie de nos traveller’s, puis, on nous expédie à un guichet où s’agglutinent une dizaine de personnes prêtes à jouer des coudes pour obstruer la minuscule guérite ou somnole un employer peu coopératif. Après quelques minutes de doute, on me remettra finalement cent billets de 50 roupies. C’est comme si en France, pour retirer mille francs, on ne vous donnait que des pièces de dix francs ! En sortant de la banque, on constate qu’un attroupement s’est opéré autour de notre voiture. Alors que notre véhicule était parqué devant la banque et que notre chauffeur nous attendait à l’ombre d’une échoppe, notre Ambassador a été percutée à l’arrière par une Jeep incontrôlée, pour venir s’écraser sur deux motos et détruire le vélo du directeur de la banque. Les locaux se font un plaisir de nous narrer l’événement dans le plus grand détail ! Les dégâts sur notre voiture ne sont pas énormes mais elle est hors d’état pour la journée, le radiateur étant percé. Nous donnons alors rendez-vous à notre chauffeur à 17h à l’hôtel pour prendre des nouvelles, et faute de mieux, nous hélons un rickshaw pour retourner au fort !

L’heure du déjeuner approchant, nous décidons de nous rendre au Surya Restaurant, à même les remparts où nous mangeons seuls au monde, assis en tailleur sur un minuscule balcon, en équilibre au-dessus de la ville basse. Laure se contente d’un Pepsi alors que j’avale un Malai Kofta assez rustique. Mais la vue proposée est tellement magnifique que c’est à contre cœur que nous quitterons l’endroit après avoir écrit quelques cartes postales ! Une fois sorti, nous dégottons en plein cœur du fort un cybercafé, ou comment allier technologie et contes des mille et une nuits. Malheureusement, après avoir essayé quatre fournisseurs d’accès, la connexion est dramatiquement lente, voire inexistante. J’arrive quand même à envoyer quelques mails pour rassurer nos proches. Il est désormais temps de découvrir la ville basse, ses Havelis et ses bazars. Ici, nous déambulons sans susciter le même étonnement que dans le Shekhawati, Jaisalmer étant éminemment plus touristique. N’arrivant pas à trouver les fameux Havelis, nous empruntons un rickshaw, qui nous conduit à ces superbes demeures patriciennes, où le grès jaune finement travaillé, s’agrémente parfaitement des jeux de lumière que lui offre le soleil de fin de journée. Du haut du Patwa Haveli, le panorama sur le fort est superbe.

De retour à l’hôtel en rickshaw, nous apprenons d’Ashok que la voiture est réparée, il ne reste qu’à monter la grille de la calandre avant. Une fois les réparations effectuées, nous pouvons alors nous rendre à quelques kilomètres de Jaisalmer pour admirer le soleil couchant sur le fort à partir de Cénothaphes royaux appelés chhatris, qui servent de tombaux à quelques éminents Rajputes. Pour éviter tout harcèlement, la police touristique interdit l’accès du site aux locaux et questionne notre chauffeur sur son identité. Le spectacle offert est de toute beauté, la luminosité étant toute particulière à cette heure du jour. De retour à l’hôtel, nous invitons Ashok à se joindre à nous ce soir pour le dîner, ce qu’il accepte avec ce balancement de tête si caractéristique aux indiens. Le dîner au Golden Fort fut very tasty et full veg. Au menu : Curry de tomate et Paneer, un fromage local à base de lait de brebis. J’y reviendrai ! Nous finissons le repas par quelques graines d’anis au sucre, cela aide à digérer d’après le chauffeur. Maintenant, tout le monde au lit ...

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