vendredi 13 octobre 2000

Samode Haveli, Jaïpur

"Avoir une grande ville rose, entièrement rose [...], quel étonnant caprice de souverain"
Pierre Lotti, L'Inde sans les Anglais

Il est 6h30 du matin, j’ouvre les yeux. Laure dort paisiblement à mes côtés. Plus le voyage avance, plus je me réveille tôt : inexplicable phénomène… Nous avalons notre petit déjeuner dans la grande salle à manger de l’hôtel, puis nous prenons la route pour Jaïpur. L’itinéraire, que nous empruntons, est chargé d’un incalculable nombre de camions bariolés aux trajectoires déroutantes. Slalomer entre eux s’avère un exercice périlleux. Mais, nous nous en sortons, et c’est bien là l’essentiel ! Il est bientôt midi et nous atteignons Jaïpur, capitale du Rajasthan, peuplée de près de quatre millions d’habitants. Il y règne une agitation phénoménale et conduire ici relève de l’exploit ! Notre chauffeur nous indique qu’il est obligé de rouler vite, quitte à renverser quelques piétons ou autres cyclistes, car sinon, tout le monde nous passerait devant, et nous ne pourrions jamais arriver à bon port : intéressante théorie ...


Jaïpur a été construite de toute pièce, au milieu du 18ème siècle, par le Maharaja d’Amber, qui se trouvait à l’étroit dans sa forteresse à quelques kilomètres de là. A la différence des autres villes indiennes, les rues sont larges et toutes rectilignes, et surtout, les bâtiments sont régulièrement repeints en rose depuis la visite du Pince de Galles au début du 19ème siècle. Une fois franchis les murs de la cité rose, nous nous installons au Samode Haveli, ancienne résidence du « Thakur » de Samode. La demeure a beaucoup de charme, mais elle est malheureusement occupée par plusieurs groupes de touristes, et ce n’est vraiment pas notre tasse de thé. Après une heure de repos dans notre magnifique chambre, nous nous dirigeons vers la forteresse d’Amber, ancienne résidence des Maharajas, et située à quelques kilomètres au nord de Jaïpur. Sur le chemin, nous croisons quelques éléphants, montés par leur cornac, et essayant de se frayer un chemin à travers la foule hétéroclite. Arrivés au bord de la forteresse, deux options s’offrent à nous : monter en Jeep ou à dos d’éléphants. Connaissant déjà les sensations qu’offrent de tels pachydermes, nous choisissons d’emprunter une Jeep, qui nous mène jusqu’aux contreforts du palais. Après avoir passés avec succès l’éreintante épreuve de la queue au guichet, nous accédons enfin aux bâtiments. Là, nous admirons une porte monumentale dédiée à Ganesha le dieu éléphant, puis nous aboutissons au mardana, le quartier des hommes. Ici, tout n’est que luxe et plaisir, splendeur et sophistication. Un individu nous entraîne dans une petite pièce ronde. Il ferme unes à unes les portes et allume une chandelle dont les reflets sur le plafond incrusté de miroirs nous fait penser à une nuit étoilée. Il appelle cela le maharaja disco ! Quel contraste avec le zénana, quartier des femmes, où nous nous perdons dans un dédale de couloirs, plus sinistres les uns que les autres. Cela ressemble plus à une prison qu’à autre chose. La visite terminée, la Jeep nous ramène au parking, mais nous ne retrouvons pas notre chauffeur. On nous propose alors toutes sortes de services, nous amener à un autre parking, attendre à l’ombre dans un magasin. Je sens le coup fourré. Mais non, après dix minutes d’attente, notre chauffeur arriva comme une fleur : il était passé au garage pour quelques réparations. Il nous propose alors de passer chez son soit disant ami d’enfance, qui tient une bijouterie à Jaïpur. N’étant ni experts, ni amateurs de bijoux, nous repartons les mains vides, malgré tous les efforts de l’artisan.

Nous visitons ensuite une fabrique de tissus imprimés, mais sans que rien ne nous accroche vraiment l’œil. Il est plus de 18h, nous rentrons à l’hôtel. Nous décidons de dîner à l’extérieur, direction le restaurant LMB, véritable institution à Jaïpur, surtout réputé pour ses pâtisseries. Mais, avant cela, nous devons traverser la ville en rickshaw. Heureusement qu’à cette heure, le trafic est un peu moins dense. Dans la sombre salle du restaurant, nous mangeons un riz frit aux légumes, accompagné de fromage à la sauce blanche, et d’un kebab végétarien (très épicé). Le tout est ma foi très bon. Pour terminer, Gulab Jammun et Kulfi, spécialités sucrées de l’endroit. Le retour à l’hôtel est épique, le chauffeur du Rickshaw ne connaissant pas le chemin, il manœuvre dans tous les sens, et s’arrête tous les deux cents mètres pour demander sa route. Nous arriverons tout de même à bon port. A demain !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire