samedi 7 octobre 2000

Ajiit Bhawan Hotel, Jodhpur

"L'histoire de l'Europe occidentale est un destin voulu, celle de l'Inde un destin fortuit"
Oswald Spengler, Le déclin de l'Occident

Jodhpur la ville bleue
Quelqu’un me secoue dans le lit, c’est Laure, il est déjà l’heure de prendre le petit déjeuner et de quitter Jaisalmer. Nous réempruntons la route de Bikaner jusqu’à Pokaran, où nous bifurquons vers Jodhpur. Sur le début du trajet, nous dépassons un important convoi militaire : gros porteurs terrestres et chars de combat dont l’état paraît assez pitoyable : tous les quart d’heure, on croise l’un d’entre eux, arrêté sur le bas côté avec une crevaison ou un problème mécanique. Plus on approche de Jodhpur, plus on rencontre de personnes et d’animaux sur le bord des routes. En effet, nous nous éloignons petit à petit des zones désertiques. Suite à l’accident de Jaisalmer, la voiture est assez rétive : à chaque bosse, le capot avant s’ouvre tout seul ce qui nous oblige à faire des haltes répétées. Soudain, Laure me sert le bras : à l’horizon pointe la plus qu’imposante forteresse de Mehrangarh, symbole de la ville et de l’art militaire Rajpute.


Mais avant la visite, nous nous accordons deux heures de détente dans l’extravagante piscine de l’Ajiit Bhawan Hotel, propriété du très affable Maharaja Swaroop Singh de Jodhpur. Nous logeons dans une hutte décorée en style ethnique, au beau milieu d’un très joli jardin. Encore une fois, la chambre est des plus vaste. Une peau de tigre orne le dessus du lit et une sorte de caverne en pierre est creusée à même la paroi gauche de la chambre. Ambiance safari ! Il est trois heures et nous nous dirigeons vers le fort.

A Jodhpur, nous revoilà plongés dans l’Inde grouillante des grandes villes, et le trajet qui nous mène aux impressionnantes murailles est haut en couleurs. Aujourd’hui, c’est Dusherra, fête religieuse hindoue en l’honneur de Rama, septième avatar de Vishnou. Sur une place de la ville se dresse quatre gigantesques statues du démon Ravana qui seront brûlées ce soir pour célébrer la victoire du dieu sur les forces du mal tel que le conte le Ramayana. La visite du fort est très impressionnante. Outre quelques salles joliment travaillées, ce sont ses remparts abruptes qui fascinent, ainsi que la magnificence de l’ouvrage perché sur un piton rocheux. Et surtout, quelle surprise que de découvrir du haut des murailles cette vue sur la ville où prédomine un bleu pastel, couleur des dieux. Certains affirment que cette couleur est aussi sensée éloigner les moustiques. Quelle qu’en soit la raison, c’est une vision inoubliable ! Sur le haut des murailles, nous nous dirigeons vers un petit temple dédié à Devi (la femme de Vishnou), où règne une grande ferveur en ce jour sacré. Le point de vue sur la ville bleue y est toujours aussi magique.

Retour à la voiture, direction la tour de l’horloge et ses pittoresques bazars. Il est cinq heures, l’heure à laquelle l’endroit s’anime plus particulièrement. Là, dans une minuscule boutique, nous nous attardons à l’échoppe de Mahanlal Verhomal, véritable institution au Rajasthan pour tout ce qui concerne les épices. L’homme est des plus commerçant, il nous installe et nous fait sentir toutes ses collections, nous offre de goûter différentes variétés de thé et de préparations épicées, et là c’est vrai, on ne peut que craquer ! L’homme à un carnet d’adresses international, car d’après notre chauffeur, toute personne qui en a goûté ne peut plus s’en passer. Il nous propose d’envoyer toutes ses recettes par e-mail, et nous montre des liasses de commandes passées par Internet. Certains lui demandent des containers entiers d’épices. Lui dit qu’il ne peut pas suivre et qu’il fait cela par amour des condiments. Bref, nous repartons avec 3 kg d’épices et de thés en tout genre. Du bonheur en perspective ! Nous prenons le dîner à l’hôtel, à la lumière d’une chandelle, au beau milieu du jardin, agrémenté de musique et de chants traditionnels rajasthanis. Quoi de plus romantique ? Dommage que Laure soit un petit peu endormie, elle a du mal à se remettre de sa tourista. Pour finir la soirée, nous nous prélassons quelques temps sur une antique balançoire, bercés par les chants du désert …

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire