dimanche 15 octobre 2000

Howard Park Plazza, Agra

"Sous son ciel de poussière ardente, sous ses tourbilllons de corbeaux, d'aigles et de vautours, l'immense ville est bien restée l'Agra d'autrefois"
Pierre Lotti, L'Inde sans les Anglais

Le Taj Mahal merveille d'Agra
Ce matin, réveil à l’aurore, car c’est un programme chargé qui nous attend avec la visite de la ville fantôme de Fathepur Sikri, et bien sûr, du Taj Mahal à Agra. Nous quittons l’hôtel à 7h du matin. A cette heure, le trafic est bien plus fluide dans la ville rose, qui s’éveille à peine, et nous raccrochons rapidement l’autoroute qui mène à Agra. Nous traversons une plaine fertile, où les cultures ont remplacées le désert. Après 2h de trajet, nous nous arrêtons prendre un petit déjeuner à l’indienne. Au menu : massala chay et une excellente paratha fourrée au pommes de terre.



Aux alentours de 11h, nous voyons se dresser à l’horizon les murs de grès rouge de « la ville de la victoire », que l’empereur Akbar le grand fut édifier en l’honneur de son premier fils, le futur Jahengir. C’est un saint souffi, habitant la région, qui lui prédit la naissance d’un fils tant attendu si il s’installait dans les parages. C’est pourquoi, il décida de déplacer sa capitale sur le site de Sikri. La ville ne fut habitée que seize ans par la cour d’Akbar, qui décida de l’abandonner pour Lahore, actuelle capitale du Pakistan, car elle était trop difficile à alimenter en eau potable. Se promener dans cette citée abandonnée, qui n’a pas bougé depuis quatre cents ans, est vraiment impressionnant. Vue l’ampleur du site, nous décidons de louer les services d’un guide local. Celui-ci est appliqué, mais pas forcément génial. Et surtout, il ne s’adresse qu’à moi, ignorant complètement Laure. Il est intéressant de noter que l’empereur Akbar, contrairement aux autres souverains Moghols, prônait une grande tolérance religieuse. Cette tolérance se retrouve à travers un étonnant mélange de styles dans l’architecture de la cité. Nous admirons les résidences de ses trois femmes, l’une musulmane de Turquie, l’autre chrétienne de Goa, et la dernière hindoue de Jaïpur qui lui donna son seul fils. Mais, le plus impressionnant reste le site de Sikri, où se trouve la mosquée du vendredi et son immense esplanade, qui abrite le tombeau en marbre blanc du saint musulman. Véritablement gigantesque !

Nous quittons le site à 13h, direction Agra. Sur la route, nous croisons d’étranges couples de monteurs d’ours, accompagnés de leur petit animal, qui proposent le spectacle pitoyable de quelques pas de danse en l’échange d’une poignée de roupies. Il est 13h30, après avoir traversés les sinistres faubourgs d’Agra, nous nous installons au Howard Park Plaza, un hôtel moderne situé non loin du Taj Mahal. Avant de visiter le monument, nous commandons au restaurant quelques amuses gueules de type samosas et autres pakoras, qui mettront un temps fou à être servis, à tel point qu’à 14h30, heure du rendez-vous avec le chauffeur, rien n’était arrivé à notre table ! Une fois ces babioles ingurgités en vitesse, direction le Taj Mahal. Les voitures n’ayant pas le droit d’approcher le monument pour cause de pollution, nous choisissons un moyen de transport écologique : le cyclo-pousse. Nous ne négocions pas le prix, car il y a des fois où l’on n’a plus la force, et nous voilà péniblement tirés jusqu’aux abords du palais par un sexagénaire aux jambes rachitiques. Là, une désagréable surprise nous attend : le prix d’entrée pour les étrangers vient juste d’être revu à la hausse, 500 roupies par personne soit plus de 80 francs ! Un autochtone nous propose de prendre nos billets au tarif indien, mais nous nous acquittons finalement de la somme demandée. Aujourd’hui, c’est dimanche et le site est surpeuplé par une foule indisciplinée. Mais, une fois la majestueuse porte d’entrée franchie, le spectacle est quasi féerique. Harmonie des formes et des volumes, juste devant nous se dresse le palais de marbre blanc, que l’empereur Shah Jahan fit ériger pour servir de tombeau à sa favorite trop tôt décédée. Plus on approche, plus on est impressionné par le précieux travail du marbre et par la somptuosité des décorations. Quelque soit l’angle par lequel on l’admire, c’est un véritable joyau. On en oublie la foule turbulente des touristes indiens ! Nous resterons près de 2h sur le site à en prendre plein les yeux.

De retour dans la ville, nous ferons la visite d’un atelier de travail du marbre, spécialité de la région. Les incrustations de pierres semi-précieuses dans le marbre blanc sont somptueuses, mais les prix sont prohibitifs pour nous, au grand désarroi du patron qui nous proposera tout l’éventail de sa gamme jusqu’à la plus minuscule pièce : sans succès ! Après nous être reposés quelques heures à l’hôtel, nous reprenons la voiture pour dîner dans une cabane en bambou fréquentée, aussi bien par des indiens, que par des touristes, et qui propose une cuisine mughlai savoureuse. Laure optera plutôt pour un riz frit, quant à moi, je ferais une première incartade à mon régime végétarien avec un Mugh Korma (poulet à la crème d’amande) très goûteux, mais un petit peu riche.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire