mardi 10 octobre 2000

Lake Pichola Hotel, Udaïpur

"De la joie Pure jaillit toute création. Par la Joie elle est soutenue, vers la Joie elle se dirige et à la Joie elle retourne."
Proverbe sanskrit

Pour la première fois depuis le début du voyage, le temps est couvert ce matin. Nous prenons un petit déjeuner sur le pouce. Puis, nous retrouvons notre chauffeur, direction le complexe du City Palace. Celui-ci n’ouvre qu’à 9h30. En attendant, nous décidons de visiter le Jagdish temple, temple dédié à Jagannatha, le seigneur du monde, plus connu sous le nom de Vishnou. Nous montons le large escalier qui y mène, et après avoir croisés quelques mendiants, lépreux et autres ascètes, nous atteignons le sanctuaire a proprement parlé. Juste devant l’autel, un prêtre bat la mesure à l’aide d’un tambour. Pour attirer l’attention des dieux et faire fuir les démons, chaque dévot sonne une cloche en entrant dans l’enceinte. Des fidèles chantent des versets en Sanskri, accroupis devant l’autel. Nous marchons autour du dôme central. Celui-ci est incrusté d’intéressantes sculptures représentant divers animaux . « Le cheval représente la force, l’éléphant la chance et la chameau l’amour » nous glisse un jeune homme au visage difforme dans un assez bon français. Il essaiera ensuite de nous attirer dans son école de miniatures.


Il est 9h28, nous arrivons à l’entrée du City Palace, où nous sommes refoulés par un gardien zélé : en Inde, l’heure c’est l’heure ! Lorsque le signal est donné, c’est le rush vers la caisse, où deux indiens me passent devant comme à la parade. Mais après avoir laissé filer les touristes locaux, pour qui les visites sont synonymes de véritables sprints, nous pouvons apprécier pleinement les charmes du palais. Ce palais est le plus grand de tout le Rajasthan et il offre une variété de style des plus originale. Il possède en outre une somptueuse collection de miniatures, que les écoles de peinture locales essaient tant bien que mal de reproduire. Nous visitons également le Zenana, palais des femmes, où celles-ci restaient isolées du reste du monde. Il est midi, la visite se termine. Nous postons quelques lettres et échangeons quelques chèques de voyage, puis nous nous dirigeons vers l’extérieur de la ville, au jardin Shakeliyan Ki Bari, qui a conservé son charme d’antan. Nous nous reposons à l’ombre d’un banian au bord d’une agréable fontaine, où l’eau jaillit des trompes de quatre éléphants de marbre. Nous nous arrêtons au passage à un centre d’artisanat. Tout ce qui y est présenté est d’une grande qualité. Nous admirons de somptueuses nappes, des châles en laine du Cachemire, et nous repartons finalement avec deux foulards et une boîte en papier mâchée peinte à la main. Nous invitons Ashok à déjeuner cher Berry’s, adresse fréquentée par la classe moyenne indienne. Au menu, Paneer massala et Mixed vegetable. Laure se contente d’un riz aux petits pois !

Pour digérer, nous décidons d’aller faire un petit tour en bateau sur le lac Pichola. Au pied du Fateh Prakash Palace, nous embarquons à bord d’une petite barge pour une heure de ballade. Nous passons en revue les différents points de vue que propose la ville. Une légère brise caresse nos visages. C’est des plus reposant. Nous faisons le tour du Lake Palace pour nous arrêter à l’île de Jag Mandir, et visiter son palais du 17ème siècle, qui servit d’abri à l’empereur Shah Jahan (bâtisseur du Taj Mahal), ainsi qu’aux familles anglaises pendant la révolte du Cipaye à la fin du 19ème siècle. De retour sur la terre ferme, nous réussissons à nous débarrasser de notre chauffeur, pour entreprendre une marche de 4 km à travers la vieille ville pour rejoindre à pied notre hôtel. Cette idée n’avait pas l’air de beaucoup l’enchanter. « Be careful » furent ses dernières paroles. Nous trouvâmes notre chemin et essuyâmes au passage une averse post mousson. Le temps a contrarié nos plans et notre excursion jusqu’au Palais de la Mousson où nous souhaitions observer le soleil couchant sur Udaïpur, tombe à l’eau avec ces nuages menaçants. Soit, nous nous contenterons du spectacle des ghats du haut de la superbe baie vitrée de notre chambre.

Côté estomac, Laure ne se sent pas très bien. Néanmoins, je décide de sortir le grand jeu. Direction le Shiv Niwas Palace Hotel. La traversée de la ville en rickshaw est toujours aussi chaotique. Le chauffeur nous dépose au pied de la forteresse du City Palace. Nous suivons le chemin qui mène à l’imposant palais transformé en hôtel, et une fois la porte franchie, nous parvenons à une exquise cour intérieure, et nous prenons place au bord de l’inimaginable piscine de marbre blanc. Service parfait, nourriture succulente, cadre de rêve, c’est le summum du raffinement, et cela pour un peu plus de 50 francs par personne. Comble des combles, Laure a commandée des « tagliatelle al pomodoro », et moi je sauve l’honneur avec des pommes de terre fourrées au Cheese cottage, accompagnées d’une sauce subtilement épicée. Bref, un must, malgré une ambiance un petit peu coincée ... De retour à l’hôtel, toujours en rickshaw, je tombe à la télé indienne sur un remake de « Qui veut gagner des millions » à la sauce Hindi ! Le présentateur à l’air presque aussi benêt que Jean-Pierre Foucault. Je crois qu’on va se coucher tôt ce soir !

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