mercredi 1 novembre 2000

Un périple au Rajasthan

India Matha
Ceci est le récit d’un périple effectué en Inde du Nord en Octobre 2000 et qui nous a mené à travers les états du Rajasthan, de l’Uttar Pradesh et de l’Haryana.

N’y voyer qu’un Journal de bord relatant de manière factuelle nos aventures, et si ces quelques pages peuvent vous donner l’envie de découvrir ces contrées, allez-y, vous ne le regretterez pas !

© Thomas Savoja, Novembre 2000

mardi 17 octobre 2000

Le retour à Paris

"Ce que j'aime dans les voyages, c'est l'étonnement du retour"
Stendhal

Départ du "pays des rois"
Il est 4h45 du matin. L’eau glaciale, qui sort de l’ancestral pommeau de la douche, entre en contact avec mon corps brûlant. A 5h, nous retrouvons notre chauffeur dans le hall de l’hôtel, et prenons la direction de l’aéroport. Le trafic est fluide à cette heure très matinale. Nous croisons juste quelques convois de camions, que des enfants interpellent, proposant des couronnes de fleurs aux chauffeurs afin d’écarter le mauvais œil. Nous faisons nos adieux à Ashok devant l’entrée de l’aéroport, lui glissant au passage une petite enveloppe de trois milles roupies, ce qui est une coquette somme pour l’Inde.

lundi 16 octobre 2000

Quelque part au bord de l’autoroute Agra-Delhi

"Si l'on se sent perdu, seul au monde, pessimiste, sans espérence, le voyage en Inde peut apporter quelque remède ou quelque soulagement"
Jean Clausel, Indes

Décidément, les serveurs de l’hôtel sont vraiment mollassons. Cela fait plus de vingt minutes que nous avons commandé un thé et un jus d’orange, et toujours rien ! Aujourd’hui, c’est notre dernier jour de visite en Inde. Ce soir, nous serons à Delhi, et la boucle sera bouclée. Il est 9h, et nous slalomons entre les racoleurs en tout genre pour entreprendre la visite du fort rouge, autre merveille d’Agra, qui fut longtemps la capitale de l’empire Moghol. A la différence d’hier, le site est très calme et peu fréquenté. Nous pouvons vaquer à notre guise sous les colonnades, dans les jardins ombragés, et le long des balcons qui donnent sur la rivière Yamuna, et desquels on devine à l’horizon les formes parfaites du Taj Mahal, perdues dans la brume. Nous reprenons la voiture pour traverser un minuscule pont, véritablement saturé par le trafic, afin d’enjamber la rivière Yamuna ou paissent des buffles d’eau, et accéder à l’admirable mausolée de l’Imad-ud-Daula, le pilier de l’état, père de la fille de l’empereur Jahengir, qui pendant que la cour s’adonnait aux plaisirs, prenait en main les affaires de l’état. Le travail du marbre y est encore en tout point admirable, tout comme la finesse des décorations.

dimanche 15 octobre 2000

Howard Park Plazza, Agra

"Sous son ciel de poussière ardente, sous ses tourbilllons de corbeaux, d'aigles et de vautours, l'immense ville est bien restée l'Agra d'autrefois"
Pierre Lotti, L'Inde sans les Anglais

Le Taj Mahal merveille d'Agra
Ce matin, réveil à l’aurore, car c’est un programme chargé qui nous attend avec la visite de la ville fantôme de Fathepur Sikri, et bien sûr, du Taj Mahal à Agra. Nous quittons l’hôtel à 7h du matin. A cette heure, le trafic est bien plus fluide dans la ville rose, qui s’éveille à peine, et nous raccrochons rapidement l’autoroute qui mène à Agra. Nous traversons une plaine fertile, où les cultures ont remplacées le désert. Après 2h de trajet, nous nous arrêtons prendre un petit déjeuner à l’indienne. Au menu : massala chay et une excellente paratha fourrée au pommes de terre.


samedi 14 octobre 2000

Samode Haveli, Jaïpur

"On ne comprend rien à l'Inde si l'on ne comprend pas qu' elle est le plus grand réservoir de paradoxes et de contradictions de la planete!"
John Elliott

Encore une journée bien remplie que ce samedi 14 octobre. Après un déjeuner continental, agrémenté par quelques coupures de courant, nous débutons la visite de Jaïpur par les temples de Galta. Ces temples, dédiés a Surya, le dieu du soleil, sont situés à l’extérieur de la ville, dans une verte vallée peuplée de singes. Il y règne une atmosphère toute particulière de bon matin. Des hommes se baignent sous le regard dubitatif d’une armée de macaques. Certains fidèles effectuent même de périlleux plongeons du haut de l’imposant mur qui surplombe un étroit bassin, dont la profondeur avoisine plusieurs éléphants. Spectacle très impressionnant ! Nous enchaînons par la visite du City Palace, dont seulement une petite partie du palais est ouvert au public, car le Maharaja habite toujours les lieux ! La porte d’entrée, richement décorée, donne sur une immense cour, servant de hall d’audiences publiques. En son centre, un petit bâtiment abrite deux énormes jarres, qui sont les plus grandes pièces en argent du monde ! La palais est vraiment harmonieux. C’est bien sûr la couleur rose qui prédomine. Alors que nous observons le palais de la lune, où se situent les appartements privés du Maharaja, on sent comme un vent de panique parmi les gardes du palais. Ils font de grands signes et demandent à Laure de s’écarter. « Maharaja ! Maharaja ! » nous chuchote l’un deux. Un vieil homme, tout de bleu vêtu, les cheveux gris, avance péniblement à travers la cour pour s’engouffrer dans une salle obscure, devant les courbettes de ses hommes enturbannés. Ce n’était pas vraiment l’idée que l’on pouvait se faire d’un tel individu ! Nous retiendrons également de notre visite, la beauté des vêtements d’apparat royaux, et notamment le très impressionnant pyjama du Maharaja Mado Singh II, qui mesurait plus de deux mètres et pesait plus de 200 kg !

vendredi 13 octobre 2000

Samode Haveli, Jaïpur

"Avoir une grande ville rose, entièrement rose [...], quel étonnant caprice de souverain"
Pierre Lotti, L'Inde sans les Anglais

Il est 6h30 du matin, j’ouvre les yeux. Laure dort paisiblement à mes côtés. Plus le voyage avance, plus je me réveille tôt : inexplicable phénomène… Nous avalons notre petit déjeuner dans la grande salle à manger de l’hôtel, puis nous prenons la route pour Jaïpur. L’itinéraire, que nous empruntons, est chargé d’un incalculable nombre de camions bariolés aux trajectoires déroutantes. Slalomer entre eux s’avère un exercice périlleux. Mais, nous nous en sortons, et c’est bien là l’essentiel ! Il est bientôt midi et nous atteignons Jaïpur, capitale du Rajasthan, peuplée de près de quatre millions d’habitants. Il y règne une agitation phénoménale et conduire ici relève de l’exploit ! Notre chauffeur nous indique qu’il est obligé de rouler vite, quitte à renverser quelques piétons ou autres cyclistes, car sinon, tout le monde nous passerait devant, et nous ne pourrions jamais arriver à bon port : intéressante théorie ...

jeudi 12 octobre 2000

Jagat Singh Palace, Pushkar

"Pour moi, l'Inde est le pays étranger par excellence. Il a l'attrait d'une chose qui vous est totalement opposée"
Michel Tournier

Petit déjeuner à 8h30. Une nuée de serveurs s’empressent autour de nous. Avant de partir, nous visitons brièvement l’atelier d’un peintre en miniatures, puis nous prenons la route, direction Pushkar, à 130 km de Devgarh. Pushkar est l’un des lieux les plus sacrés de l’hindouisme. En effet, on dit que Brahma, le dieu créateur, laissa échapper de ses mains une fleur de lotus, qui, lorsqu’elle toucha le sol, se transforma en lac pour donner le site de Pushkar. Mais, avant d’y parvenir, nous devons traverser la très animée ville d’Ajmer, important centre de pèlerinage musulman, où est enterré un saint souffi. Nous aurons pas mal de difficultés à nous en dépêtrer. Nous fûmes tout particulièrement confrontés à un Rickshaw récalcitrant, qui ne daigna s’écarter de notre trajectoire qu’au 38ème coups de Klaxon. Ce matin, Laure a des maux de tête et des contractions dans le ventre, je commence un peu à m’inquiéter. Sur l’autoroute NH8, que nous empruntons depuis Udaïpur, on ne compte plus les bahuts renversés sur le bas côté ou les cadavres d’animaux en putréfaction dont l’odeur nous prend à la gorge.

mercredi 11 octobre 2000

Deogarh Mahal, Devgarh

"Au milieu de ce trafic de gens, de bruits, d'odeurs, je m'arrange un nids, prend un cachet et sommeille. Le temps passe toujours; si l'on en meure pas, on peut croire qu'on en triomphe"
Pierre Clausel, Indes

Comme d’habitude, je me réveille quelques minutes avant le déclenchement de l’alarme de notre réveil portatif. Laure a l’air d’avoir plus de difficultés, c’est du moins ce que je suppose aux grognements qu’elle émet. Nous avalons un régime toasts/thé/banane sur la terrasse de l’hôtel, juste en face des ghats, où à cette heure matinale l’activité est à son zénith. Puis nous quittons Udaïpur pour la bourgade de Deogarh, littéralement « le jardin des dieux ». Sur le chemin, nous effectuons une première halte à Nagda, citée datant du 6ème siècle dont ne subsistent que quelques temples dits « de la belle-mère » et « de la belle-fille » et situés dans un décor bucolique. Les édifices sont assez bien conservés et possèdent de remarquables sculptures. Nous flânons de longues minutes dans ce cadre de verdure, où l’atmosphère est des plus apaisante.

mardi 10 octobre 2000

Lake Pichola Hotel, Udaïpur

"De la joie Pure jaillit toute création. Par la Joie elle est soutenue, vers la Joie elle se dirige et à la Joie elle retourne."
Proverbe sanskrit

Pour la première fois depuis le début du voyage, le temps est couvert ce matin. Nous prenons un petit déjeuner sur le pouce. Puis, nous retrouvons notre chauffeur, direction le complexe du City Palace. Celui-ci n’ouvre qu’à 9h30. En attendant, nous décidons de visiter le Jagdish temple, temple dédié à Jagannatha, le seigneur du monde, plus connu sous le nom de Vishnou. Nous montons le large escalier qui y mène, et après avoir croisés quelques mendiants, lépreux et autres ascètes, nous atteignons le sanctuaire a proprement parlé. Juste devant l’autel, un prêtre bat la mesure à l’aide d’un tambour. Pour attirer l’attention des dieux et faire fuir les démons, chaque dévot sonne une cloche en entrant dans l’enceinte. Des fidèles chantent des versets en Sanskri, accroupis devant l’autel. Nous marchons autour du dôme central. Celui-ci est incrusté d’intéressantes sculptures représentant divers animaux . « Le cheval représente la force, l’éléphant la chance et la chameau l’amour » nous glisse un jeune homme au visage difforme dans un assez bon français. Il essaiera ensuite de nous attirer dans son école de miniatures.

lundi 9 octobre 2000

Lake Pichola Hotel, Udaïpur

"Viens, ô mon âme. Il est temps de faire voile vers ces eaux saintes où la rivière de l'amour rencontre la mer de l'adoration et, dans l'azur, s'y purifie de tout son limon"
Rabindranath Tagore, La maison et le monde

Alors que je m’apprête à prendre une douche matinale, quelqu’un frappe à la porte. « Good morning, Sir », c’est le réveil à l’indienne. Après un petit déjeuner à base de toasts et de thé « Taj Mahal », nous quittons Fort Chanwa et Luni pour Udaïpur. Pour nous rendre dans la cité blanche, nous traversons la chaîne des monts Aravallis, ce qui donne à notre escapade un air des plus bucolique. Revers de la médaille : imaginez le danger que peut représenter une route de montagne en Inde ... Notre chauffeur a de plus la fâcheuse habitude d’admirer le paysage sur le coté de la route alors qu’un énorme camion TATA fonce droit sur nous ! Lorsqu’il redresse la tête et s’aperçoit du danger, il braque violemment pour éviter le choc alors que le bahut nous frôle dans un tonnerre de Klaxon. Sans oublier les vaches et autres chiens errants évités d’extrême justesse. Bonjour les montées d’adrénaline ...

dimanche 8 octobre 2000

Fort Chanwa, Luni

"Chaque européen qui vient en Inde apprend à avoir de la patience s'il n'en n'a pas et la perd s'il en a"
Proverbe indien

Après un petit déjeuner dans une adorable salle d’apparat aux couleurs pastel, nous nous dirigeons de bon matin vers la massive façade de l’Umaid Bawan Palace, actuelle résidence du Maharaja de Jodhpur dont l’une des ailes a été transformée en hôtel de luxe. C’est pour employer la main d’œuvre locale déshéritée que la Maharaja fit construire ce palais au début du siècle, d’après les plans d’un architecte anglais. La visite du musée s’avère surtout intéressante pour l’architecture grandiose qui l’abrite. La hauteur de plafond dans le hall est impressionnante, même si le style années 40 n’est pas mon préféré.

samedi 7 octobre 2000

Ajiit Bhawan Hotel, Jodhpur

"L'histoire de l'Europe occidentale est un destin voulu, celle de l'Inde un destin fortuit"
Oswald Spengler, Le déclin de l'Occident

Jodhpur la ville bleue
Quelqu’un me secoue dans le lit, c’est Laure, il est déjà l’heure de prendre le petit déjeuner et de quitter Jaisalmer. Nous réempruntons la route de Bikaner jusqu’à Pokaran, où nous bifurquons vers Jodhpur. Sur le début du trajet, nous dépassons un important convoi militaire : gros porteurs terrestres et chars de combat dont l’état paraît assez pitoyable : tous les quart d’heure, on croise l’un d’entre eux, arrêté sur le bas côté avec une crevaison ou un problème mécanique. Plus on approche de Jodhpur, plus on rencontre de personnes et d’animaux sur le bord des routes. En effet, nous nous éloignons petit à petit des zones désertiques. Suite à l’accident de Jaisalmer, la voiture est assez rétive : à chaque bosse, le capot avant s’ouvre tout seul ce qui nous oblige à faire des haltes répétées. Soudain, Laure me sert le bras : à l’horizon pointe la plus qu’imposante forteresse de Mehrangarh, symbole de la ville et de l’art militaire Rajpute.

vendredi 6 octobre 2000

Deoki Niwas Palace, Jaisalmer

"L'Inde est différente et, si exaspérant que cela puisse paraitre, désire le demeurer... C'est le secret de l'Inde, l'acceptation de la vie avec tout ce qu'elle comporte, en bien et en mal"
Indira Gandhi

Coucher de soleil sur la forteresse
Mémorable journée que ce vendredi à Jaisalmer. Après un réveil à 8h et un petit déjeuner assez difficile à obtenir (Laure voulait une banane que le serveur a été lui acheter au marché du coin), nous débutons la visite par le lac artificiel de Gadi Sagan. Dans la relative fraîcheur du matin, un homme s’adonne aux traditionnelles ablutions dans cette eau en putréfaction. Puis, nous nous dirigeons vers le fort du 12ème siècle, encore habité par plus de cinq milles personnes, ce qui fait tout son intérêt. A l’intérieur des murs, le temps s’est arrêté et on a l’impression de se retrouver au Moyen-Age !

jeudi 5 octobre 2000

Deoki Niwas Hotel, Jaisalmer

"Trois sortes de gens entrent partout: Un guerrier, un savant, une femme"
Proverbe Indien

Le Fort de Jaisalmer
C’est de la terrasse de l’hôtel que j’écris ces quelques lignes. Au programme de la journée étaient prévus plus de 330 km pour rallier Bikaner à Jaisalmer, soit près de 7h de route ! Pour tout arranger la chaleur est au rendez-vous et le paysage n’est pas des plus riant. A 150 km de Jaisalmer, nous effectuons une pose déjeuner à Pokaran, célèbre pour être le site où a été expérimentée l’arme nucléaire indienne. Le dernier essai date de 1998 alors ne nous y attardons pas trop ! Et finalement, au bout de l’interminable ligne droite apparaîtra la forteresse, tel un mirage dans l’horizon… Bienvenue à Jaisalmer, « the golden city ».

mercredi 4 octobre 2000

Karni Bawan Palace, Bikaner

"En Inde, Rien à voir, tout à interpréter"
Henri Michaux

Sadhus sur la route
Quatrième jour en Inde et première alerte à la tourista ! Laure est également touchée, c’est l’embouteillage au petit matin devant les toilettes de la chambre 217 ! Un petit tour dans la trousse à pharmacie à la recherche d’Ercefuryl et d’Artesal et pourvu que cela tienne jusqu’à Bikaner ! Le trajet matinal nous mène au village de Fathepur, à la limite ouest du Shekhawati. Le village est totalement inondé et le traverser s’avère un véritable parcours du combattant : slalom à travers les crevasses inondées, manœuvres périlleuses pour éviter les étals d’un bazar, le tout en jetant un coup d’œil sur les façades joliment décorées des Havelis locaux dont l’état de dégradation est malheureusement assez avancé.

mardi 3 octobre 2000

Mandawa Castle, Mandawa

"Tout village est mon village et tout homme est mon frère"
Proverbe indien

Fresques à Nawalgarh
La nuit a été un petit peu difficile, peut être les effets du décalage horaire, ou plutôt à cause du bruit étourdissant de la climatisation ! Mais bon, une bonne douche à l’eau froide et on retrouve vite ses esprits. Départ à 8h30 en direction de Nawalgarh, gros bourg de 30000 âmes situé à 20km de Mandawa et que l’on appelle « la ville au 100 Havelis ». Notre chauffeur ne connaissant pas trop la région, il nous conseille d’enrôler un guide, de préférence à l’extérieur de l’hôtel pour éviter de payer le prix fort. Dès que nous passons les portes du « Castle », un jeune homme s’engouffre tranquillement dans notre Ambassador. Il s’appelle Salim et nous servira de guide aujourd’hui.

lundi 2 octobre 2000

Mandawa Castle, Mandawa

"Le monde semble sombre quand on a les yeux fermés "
Chittagong

Gardes au Mandawa castle
Après un petit déjeuner frugal au 21éme étage du Hans Plaza hotel, départ pour le Shekawati. Cette région semi désertique située à environ 250 Km à l’ouest de Delhi est célèbre pour ses Havelis, demeures de riches marchands dont la particularité est d’être entièrement couvertes de fresques peintes à la main. Mais pour y parvenir nous attend une demi journée de route à travers les états de l’Haryana et du Rajasthan. Comment qualifier ce périple ?

Je crois qu’il n’existe pas de mots assez forts dans la langue française. J’ai cru mourir trois fois, mais quel émerveillement que ces routes indiennes ! Chaque regard fourni un moment d’étonnement, de ravissement, de surprise ou d’effroi. Malgré le danger permanent, l’état déplorable du réseau routier et les hésitations du chauffeur (il demandera une dizaine de fois sa route ...) ce parcours du combattant restera pour nous une expérience inoubliable.

dimanche 1 octobre 2000

Hans Plaza Hotel, Delhi, 7h18

"Loin de nous dans le rêve et dans le temps, l'Inde appartient à l'ancien Orient de notre Âme"
André Malraux (Antimémoires)

Juma Masjid Delhi
Pour une fois, j’ai réussi à dormir quelques heures et le voyage m’a vraiment semblé court. Après être sortis parmi les premiers de notre Boeing, les formalités de douane ne s’avèrent pas si éprouvantes que prévues. Le temps de changer quelques dollars et nous voici dans le hall principal de l’aéroport Indira Gandhi, accueillis fort chaleureusement par deux représentants de SITA WORLD TRAVEL, l’agence contactée via Internet. L’un d’entre eux sera notre chauffeur au cours de ce périple. Il s’appelle Ashok et a la trentaine juvénile. Mince, il porte une moustache comme la plupart des Indiens. Il a l’air fort affable et parle un anglais correct bien que teinté d’un fort accent. Après les présentations d’usage, il nous conduit vers le parking. Sur le trajet, nous nous sentons dévisagés par des individus masqués par la pénombre de ce petit matin brumeux.

samedi 30 septembre 2000

Aéroport Charles de Gaulle

"Chaque voyage est le rêve d'une nouvelle naissance"
Jean Royer, Extrait de La main cachée

Le 747 d’Air India en provenance de Delhi vient juste de s’arrimer à la passerelle et décharge un flot de passagers. Alors que nous nous apprêtons à embarquer, nous observons les membres d’équipage de notre vol qui attendent de prendre possession de l’appareil, assis en face de nous. Les femmes sont en saris multicolores et arborent le traditionnel tikka au milieu du front. On est immédiatement dans l’ambiance. Pendant ce temps, Laure a déjà sévi en effectuant une véritable razzia sur les magazines proposés par Air France, ni vue ni connue ...